Au-delà des mots *** وراء الكلمات



8 nov. 2010

Pas de Vie chrétienne sans réel brisement

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Lecture biblique : (Jean 12.20 à 26) =

« 20 Quelques Grecs, du nombre de ceux qui étaient montés pour adorer pendant la fête, 21 s'adressèrent à Philippe, de Bethsaïda en Galilée, et lui dirent avec instance : Seigneur, nous voudrions voir Jésus. 22 Philippe alla le dire à André, puis André et Philippe le dirent à Jésus. 23 Jésus leur répondit : L'heure est venue où le Fils de l'homme doit être glorifié. 24 En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. 25 Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. 26 Si quelqu'un me sert, qu'il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, le Père l'honorera. »
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Nous voulons tous voir Jésus. C'est un désir qui part d’un bon pressentiment. Je désire voir le Seigneur. Certainement pas de la même manière que les grecs (Jean 12.21) puisque je ne connais pas le Seigneur physiquement, mais je désire le voir autrement. Peut-être pas avec mes yeux mais je cherche à le sentir, à l’expliquer, à recevoir ses bénédictions dans ma vie, je veux le voir à l’œuvre dans ma vie, je veux qu’il intervienne dans ma vie et surtout pendant les périodes difficiles etc...Et quand je ne vois rien venir, j'ai l'impression que Dieu m'a abandonné ou qu'il est sourd à mes demandes...Le Seigneur devient pour moi une solution, un distributeur de dons et de bénédictions...C'est bien une manière de chercher à voir le Seigneur.
Face à tous ces désirs et ces bonnes intentions, le Seigneur me répond de la même manière qu’il a répondue aux Grecs (en Jean 16.24) : "Pour me Voir au delà de la vision humaine, il faut que le grain de blé tombe en terre et meurt, car s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. »

En clair, le Seigneur me dit : si tu veux me voir et si tu veux me connaitre, tu dois accepter de mourir à ta propre nature. Tu dois accepter le même cheminement que parcourt un grain de blé avant de sortir de terre et donner des fruits.
A travers ce passage, le Seigneur nous met en garde contre le risque de le limiter à nos recherches sensorielles comme sentir sa présence, expérimenter ses interventions dans nos vies, rechercher ses bénédictions....

Toutes ces choses sont bonnes mais elles demeurent des choses. Nous n’avons pas besoins des choses mais de la source de ces choses, c'est-à-dire du Seigneur Jésus Christ.

Au lieu de chercher le Seigneur en tant que personne suffisante, nous sommes souvent éblouis par les choses qui viennent de lui : Je veux plus de foi, plus de paix, plus d'assurance, plus de puissance, plus de patience, plus de joie, plus de force, plus de volonté, plus de dons, plus de moyens plus et toujours plus...et quand le Seigneur ne répond pas, j'ai tendance à insister en pensant qu'en faisant ainsi Dieu finira pas satisfaire mes demandes..Je continue à demander des choses alors que Dieu nous a tout donné en son Fils Jésus Christ. Nous oublions que nous avons tout pleinement en lui :

- « toutes les bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ » (Ephésiens 1:3).

- « car en Lui habite toute la plénitude de la divinité. Vous avez tout pleinement en Lui, qui est le Chef de toute domination et de toute autorité. » (Colossiens 2:9,10).

- « Lui qui n'a pas épargné son propre fils, mais l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas également toutes choses avec Lui ? » (Romains 8:32)?

En fait, nous avons besoin du Seigneur et uniquement du Seigneur car, en ayant le Seigneur, nous réalisons que nous sommes déjà riches et que nous avons tout pleinement en lui. Et l’unique instrument, pour réaliser et découvrir cette richesse, est la Croix.

Nous devons accepter une fois pour toute par la bouche et par le cœur de nous effacer progressivement pour que le Seigneur prenne la place progressivement aussi. C’est le sens du grain de blé : une graine entourée par la coquille externe de son corps physique. Nous sommes la coquille et le Seigneur est cette graine.
Prenons un gland par exemple. Nous tenons une simple graine dans la main. Une fois que la graine est enterrée, elle produira un jour, un arbre. Donc je peux dire que je tiens un arbre dans la main. Cet arbre donnera plusieurs graines qui donneront plusieurs arbres qui formeront une forêt. Alors je peux dire que je tiens une forêt dans la main...

Par la puissance de son brisement et son démantèlement, la simple gaine libère toute sa richesse et c'est ce que Dieu veut faire à travers nous par le biais de la glorieuse Croix de son Fils Jésus Christ.

Depuis le jour de notre décision d'accepter le Seigneur comme Seigneur et Sauveur et en appuyant cette décision par le baptême d'eau (qui est une proclamation devant les Hommes, devant Dieu et devants le diable et devant les puissances célestes de l'œuvre accomplie par le Seigneur et sa victoire accomplie sur le péché, le monde et le diable), Dieu nous a accordé son Fils en entier par le Saint Esprit qui vient habiter dans notre Etre intérieur. C'est un fait non discutable, mais notre rationalité mêlée au mensonge de l'ennemie de nos âmes, essaient de nous faire croire que nous sommes pauvres et que nous n'avons rien reçu encore, alors nous partons dans une quête des choses au lieu de découvrir et connaitre le Seigneur qui est plus que ces choses.

Nous n'avons pas besoins des chose mais de Christ que nous avons déjà en nous et que notre coquille humaine nous empêche d'y accéder. D'où l'indispensable œuvre de brisement de la Croix en nous pour nous libérer de nous même et du mensonge de l'ennemi de nos âmes.

« Watchman Nee (1) avait été invité à aider une sœur qui insistait sur le fait qu'elle avait besoin de plus de patience. Elle expliquait, au frère Watchman Nee, toutes les fois où elle perdait son sang-froid et comment terriblement elle se comportait. Elle a prié et prié pour la patience, mais en vain. Ainsi, elle a demandé au frère Watchman Nee s'il était d'accord pour prier avec elle pour que Dieu lui donne la patience; ainsi, elle ne perdrait plus son sang-froid.
Le frère Watchman Nee lui dit :
- “ je ne peux pas faire cela ”
Étonnée, elle demanda : "pourquoi pas" ?
- “ Parce que je peux vous assurer que Dieu ne répondra pas à votre prière ” a-t-il répondu.
Cette sœur s’est fâchée :
- “ vous voulez dire que Dieu ne répondra pas à ma prière ? ” dit-elle “ suis-je allée si loin qu’il ne m'entendra plus? ”
- “ non, ce n'est pas cela que je veux dire ” répliqua le frère Watchman Nee “ ce que je veux dire, c’est que Dieu ne vous donnera pas plus de patience, parce que vous n'avez aucunement besoin de patience. ”
Maintenant, la femme était presque hors d’elle, en colère :
- “ Que voulez-vous dire par n'avoir aucun besoin de la patience ? Je perds toujours mon sang-froid et j'agis d'une façon des plus regrettables. Comment pouvez-vous me dire : vous n'avez pas besoin de patience ? ”
- “ Chère sœur ” a-t-il calmement répondu, “ ce n'est pas la patience dont vous avez besoin; c'est de Christ. ” »

Tout ce dont nous avons besoin est en Christ, et Christ est en nous. Nous n'avons pas besoin de chercher Dieu pour avoir un peu de patience où un peu de foi... Nous devons réaliser que nous sommes complets en Christ, et demander à Dieu de nous humilier et surtout de nous briser, pour que Christ soit ma patience, et que Christ soit ma foi, et que Christ soit ma justice, etc...

Nous avons déjà toutes bénédictions spirituelles en Christ, mais cette vie est emprisonnée dans notre coquille et tant que nous ne nous disposons pas à laisser le Seigneur casser et concasser cette coquille nous n’accéderons jamais à cette Vie chrétienne intime telle que Dieu veut que nous la vivions. C’est cela porter sa Croix tous les jours.

Il faut accepter de mourir à soi-même pour vivre en Christ (ou plutôt, pour que Christ vive en nous).

En tant que chrétiens disciples de Jésus-Christ, notre besoin fondamental n’est pas plus de puissance, plus de paix, plus de foi, plus de choses... mais plus de brisement. Le brisement libère tout naturellement la richesse que Dieu nous a déjà accordée par grâce en son Fils Jésus Christ.

Tous les chrétiens brisés manifestent, par la suite, peu de leur moi et beaucoup de Christ, à l’instar de l’apôtre Paul dans Galates 2.20 : « J'ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi ».

Dieu doit travailler longtemps et durement avec moi pour m’emmener à cet endroit, mais quel jour glorieux quand enfin, je peux finalement Lui soumettre tout. Quelle joie que de regarder en arrière et de considérer tout ce à travers quoi le Seigneur m’a menés pour réaliser son but et cela dans les bons et surtout dans les mauvais moments, et de contempler la bonté de Dieu à travers sa sévérité et surtout à travers les épreuves qu’il a permise et qu’il continue à permettre dans ma vie.

La Croix représente le principe du brisement dont nous avons besoins à titre individuel et à titre collectif. Sans l'œuvre de la Croix dans ma vie d'une manière continuelle, je n'accéderai jamais et au grand jamais à la vie chrétienne que Dieu désire.

Pour illustrer la richesse que nous avons en Christ, prenons le passage de Marc 14.3 qui nous parle du vase d’albâtre:
« Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, une femme entra, pendant qu'il se trouvait à table. Elle tenait un vase d'albâtre, qui renfermait un parfum de nard pur de grand prix; et, ayant rompu le vase, elle répandit le parfum sur la tête de Jésus. » (Marc 14:3)

Nous sommes des vases et le Seigneur correspond au parfum qui ne cherche qu'à se libérer. Nous avons déjà toutes bénédictions spirituelles en Christ, mais cette vie est pour la plupart emprisonnée dans le vase d'albâtre. Nous aimons le vase d'albâtre davantage que le parfum, mais nous ne pouvons pas avoir le parfum sans casser le vase.

L'œuvre de la Croix dans notre vie est l'unique moyen de suivre et servir Dieu. Il n y en a pas d'autre car dans le cas contraire je crains que le Seigneur me dise un jour, malgré mes bonnes intentions : retires toi de moi car je ne t'ai pas connu. Ce sont ces terribles mots que nous lisons dans le passage biblique en Matthieu 7. 17 à 23 :

« 17 Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. 18 Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. 19 Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. 20 C'est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. 21 Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. 22 Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé par ton nom ? n'avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? 23 Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité. », Amen.

Abdelhak (novembre 2010)

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(1) « Watchman (Sentinelle en français) Nee est né à Swatow, en Chine, dans la province de Fukien, en 1903. Il se convertit en 1920 à l'âge de 17 ans. Dès le début, sa consécration au Seigneur fut entière. A 18 ans, il rencontra Mlle M. E. Barber, une missionnaire indépendante envoyée par la chapelle de Surrey, qui lui prêta de la littérature chrétienne: c'est ainsi que Nee fit connaissance avec les classiques chrétiens. Il commença à écrire la même année. En plus de la Bible, il lisait énormément, surtout les livres des mystiques chrétiens (il traduisit Le Petit Livre de Prière de Mme Guyon en chinois). Il lisait Andrew Murray, Robert Govett, G. H. Pember, D. M. Panton, G. H. Lang, J. Penn-Lewis et beaucoup d'autres. Il possédait une grande collection des écrits des "Frères" (J. N. Darby, W. Kelly, C. H. Mackintosh…), mais lisait également des études bibliques, des biographies, et connaissait bien l'Histoire de l'Eglise. Durant les trente années que dura son ministère, il parcourut une grande partie la Chine pour annoncer l'Évangile, fondant un peu partout des Églises locales, indépendantes des missions étrangères, connues en Occident sous le nom d'églises du « Petit troupeau. Watchman Nee publia une abondante littérature pour l’évangélisation, l’édification des chrétiens et la formation des pasteurs ; certains livres, tirés de ses conférences, sont toujours édités dans de nombreuses langues et rencontrent le même succès dans les milieux chrétiens évangéliques. À l’arrivée des communistes au pouvoir en Chine, les chrétiens furent sévèrement persécutés et Watchmann Nee fut arrêté en 1952. Condamné à vingt années d'emprisonnement en juin 1956, il décéda dans un camp de travail en mai 1972. »

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