Au-delà des mots *** وراء الكلمات



4 juil. 2010

Création recto verso. Liberté ou pseudo liberté

Extrait du livre "La Vie, le Mouvement et l'Etre" paru en mai 2010

Par son raisonnement aliéné, l’Homme se recherche et s’attribue une fausse liberté pour assoir son statut de dieu : le libre arbitre.

Sa logique aliénée peut paraître bonne dans son cheminement quand il se pose la question suivante : Dieu n’a t-il pas créé l’Homme libre de penser et donc libre de choisir ?

La question paraît légitime mais y répondre c’est déjà le début de la rébellion envers le Créateur.

Nous ne pouvons pas expliquer tous les mystères de Dieu mais nous le saurons quand nous verrons notre Seigneur et notre Dieu Créateur face à face. C’est seulement là que nous aurons la totale connaissance.

Pour le reste nous ne pouvons que contempler la pensée divine car elle est bonne, parfaite et agréable. Tant que nous sommes limités par le temps et l’espace nous ne pourrons pas avoir un accès total à la Vérité et la Réalité divine.

Néanmoins, nous allons essayer d’obtenir un éclaircissement en mettant de côté notre logique pour laisser la parole biblique nous parler. Celle-ci nous révélera bien des secrets.

Commençons par aborder le sujet épineux qui touche le libre arbitre.

Pour qu’il y ait libre-arbitre il faut une égalité parfaite entre les sources du choix. Pour choisir entre A et B il faut autant d’influences pour choisir A que pour choisir B.

L’influence du choix peut être d’ordre culturel, religieux, physique, contextuelle, climatique, ou autre. Demander à un musulman de choisir entre une bière et un soda ou entre une choucroute et un couscous est insensé. Le choix ne se pose pas puisque l’influence religieuse et culturelle le pousse à choisir, bien évidement, le soda et le couscous.

On peut même prendre un exemple de l’actualité : choisir entre la vie et la mort. En général quand les personnes choisissent de mettre fin à leur vie, c’est qu’elles sont poussées par un événement tel que la souffrance, la dépression etc... Une décision qu’une autre personne, n’ayant pas ces problèmes, ne choisira pas.

Le libre arbitre ne peut pas exister tant qu’il y a une influence externe de toute nature. Tout simplement, le libre arbitre n’a aucun sens tant qu’il y a l’influence du temps et de l’espace.

Le libre-arbitre ne concerne qu’un choix dans le cadre de l’arbre de la Connaissance du bien et du mal. En effet, c’est une situation dépendant de l’espace et du temps où l’Homme peut effectuer un choix dans un équilibre limité à cet arbre qui représente l’Homme formé.

Pour effectuer un choix entre l’arbre de Vie et l’arbre de la Connaissance du bien et du mal, il faut parfaitement les connaître, les deux. Le seul qui les connaît parfaitement est leur Créateur, c'est-à-dire Dieu.

Pour effectuer un choix libre il faut être en communion avec Dieu. Cette communion ne se réalise qu’à travers une véritable fusion avec Yessouah al Massih (Jésus Christ) dans sa mort d’abord et dans sa résurrection par la suite.

Il est inconcevable d’effectuer un choix entre l’arbre de la Connaissance du bien et du mal et l’arbre de Vie puisqu’on dépasse l’équilibre naturel humain. Même quand il y a un choix relevant de l’arbre de Vie il s’avère être le choix d’une image de la vérité et non pas de l’original.

Dans ce cas, l’Homme est appelé à cheminer vers une métamorphose qui lui ouvre l’accès à l’original, c'est-à-dire à Dieu, à travers Yessouah al Massih.

Quand la bible parle du jardin d’Eden, elle précise que tous les arbres sont agréables à la vue et au goût, et au milieu de ce jardin il y a un arbre qui se distingue des autres : l’arbre de Vie.

« L'Eternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l'arbre de la vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal » Genèse 2 :9

« La femme vit que l'arbre du bien et du mal était bon à manger et agréable à la vue, et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence; elle prit de son fruit, et en mangea; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d'elle, et il en mangea » Genèse 3 :6

En clair, l’Homme étant un être naturel, animal, sensoriel, il fonctionne par ses sens. Par conséquent, à part l’arbre de Vie, tous les autres arbres répondent à ses besoins et en premier, l’arbre de la Connaissance du bien et du mal.

L’Homme aura la faculté de choisir et d’apprécier la valeur de l’arbre de Vie, quand il aura atteint son créé, c'est-à-dire lorsqu’il revêtira l’image divine en Yessouah al Massih.

L’Homme croit être libre. Mais croire cela n’est ce pas une forme d’esclavage et d’emprisonnement sensoriel ?

En réalité, l’Homme est libre dans les limites de ses capacités. C’est une liberté limitée. Une liberté limitée n’est rien d’autre qu’une forme d’esclavage qui a l’apparence d’une pseudo liberté.

L’Homme est appelé à une véritable liberté qui le mènera vers le meilleur de lui-même, ce qui le libérera de la tyrannie de son penchant vers soi-même et lui ouvrira l’accès à celui qui l’a créé.

L’Homme est appelé à vivre au-delà de sa dépendance de sa logique limitée issue de l’arbre de la Connaissance du bien et du mal. En effet, il est appelé à une communion qui déclenchera ses capacités innées. Ces capacités naturelles sont appelées à se métamorphoser afin de transformer leur tyrannie en véritable liberté, d’où découleront la paix et la joie d’exister.

Cette liberté se trouve dans le créé de l’Homme. Un créé qui fait de l’Homme formé un être possédant en lui une éternité issue de son Créateur. L’Homme réalise alors qu’il est destiné à une vie éternelle et que la mort physique n’est que l’ultime étape pour y accéder. L’Homme réalise alors dans sa véritable liberté qu’il est connu de son Créateur avant même qu’il ne soit conçu.

Je tiens à apporter une précision importante. En effet, par mon développement je n’ai aucunement la prétention de minimiser et d’annoncer l’inutilité de l’Homme formé. L’Homme créé n’a de sens que parce que l’Homme formé existe.

Il faut être convaincu de la perfection de la pensée de Dieu, qui ne peut pas se limiter à notre misérable pensée humaine.

En parcourant la Bible, de la Genèse à La Révélation de Jean (apocalypse), nous décodons ce message qui peint tout le message de bible : la création est assujettie à une dualité volontaire (recto verso) créée par Dieu. Cette dualité ne peut atteindre l’unité que par un brisement, une mort ancrée dans la repentance. La Croix en est le centre par excellence.

En effet, le bien n’a de sens que parce que le mal existe. Dieu est le créateur du bien mais aussi du mal. Il suffit de lire quelques passages dans la bible pour s’en persuader.

« Je forme la lumière et crée les ténèbres, j’établis la paix et suis l’auteur du ma (1): moi l’Éternel, je fais tout cela » Esaïe 45.7 (Bible du Rabbinat Français)
« Certes, c’est moi qui ai créé le forgeron, lequel attise la braise ardente et façonne l’instrument pour l’usage auquel il est destiné; moi aussi j’ai créé le destructeur qui cause des dégâts » Esaïe 54.16 (Bible du Rabbinat Français)

« A qui donc suffit-il d’ordonner pour qu’une chose soit, si le Seigneur n’en a décidé ainsi? N’est-ce pas de la bouche de l’Eternel qu’émanent les maux et les biens? » Lamentations de Jérémie 3.37 –38 (Bible du Rabbinat Français)

« La trompette sonnera-t-elle dans une ville sans mettre le peuple en émoi? Un malheur atteindra-t-il la cité, si l’Eternel n’en est l’auteur?» Amos 3 : 6 (Bible du Rabbinat Français)

La création est un recto-verso, une pièce de monnaie. On a beau la couper, la découper il y aura toujours un recto et un verso. Je ne peux parler du recto sans penser au verso. Sinon cela n’a pas de sens.

Toute la création est basée sur ce principe de recto-verso, qu’on appelle dualité: lumière - obscurité, matière - esprit, visible - invisible, mensonge - vérité, guerre - paix, arbre de la Connaissance du bien et du mal - arbre de Vie, mort - résurrection, premier Adam - second Adam etc…

Plus je creuse, plus je découvre ce recto-verso. Dès la Genèse, ce recto-verso existe lors de la création de l’Homme. Ce dernier est créé avec deux penchants : un pour son créateur et un pour lui-même. Et c’est ce que nous vivons : c’est un conflit permanent en nous.

D’ailleurs, tout le plan de Dieu se résume en un seul mot que nous connaissons bien : ABBA(2) père (1-2-2-1) : Unité, dualité originelle, dualité régénérée, unité. Un seul mot araméen qui renferme toute la pensée divine et son plan.

Pourtant avec notre pauvre logique recto-verso, limitée par le temps et l’espace, nous nous aventurons tête baissée dans l’explication de celui qui est UN, qui ne dépend pas du temps et de l’espace. Et nous mettons en avant le fait que si Dieu nous a donné un cerveau et une logique c’est pour les utiliser…Pourtant l’apôtre Paul nous dit que l’Homme animal, le premier Adam, ne peut pas connaître les choses spirituelles. Et donc, il ne peut pas connaître Dieu, ni lui obéir (1 corinthiens 2 : 1 à 16).

Je répète que connaître, c’est faire corps avec la chose connue. Adam connu sa femme et cette connaissance dépasse les discours. C’est une union totale par le mariage. La connaissance dépasse la description, c’est l’intégration même de la chose.

En mangeant de l’arbre de la Connaissance du bien et du mal, je fais un avec cet arbre, je deviens l’arbre lui-même car je crois connaître le bien et le mal. Je deviens comme Dieu.

Seulement le « comme » n’est pas Dieu. C’est une connaissance qui répond aux besoins de notre nature humaine. Il suffit de voir comment Adam a succombé : le goût, les convoitises de la vue et l’orgueil de l’intelligence.
Mais nous oublions que l’arbre de la Connaissance du bien et du mal est quelque chose qui ne correspond pas à la volonté de Dieu car Dieu se rencontre dans l’arbre de Vie.

L’arbre de la Connaissance du bien et du mal doit mourir pour laisser la place à l’arbre de Vie.

Humainement parlant, l’Homme est incapable de procéder à ce remplacement. Ce n’est que par la Foi en l’œuvre du Seigneur Yessouah al Massih à la Croix, œuvre toute puissante, que cela peut se faire.

Mais je ne peux réaliser la valeur de l’arbre de Vie que lorsque je réalise l’esclavage, les limites et les misères de l’arbre de la Connaissance du bien et du mal.

Dans sa grâce, Dieu utilise un moyen extraordinaire qui s’appelle l’épreuve. A travers les épreuves, Dieu nous amène à nos limites ou plutôt aux limites de notre nature qui veut continuer à contrôler notre vie en prenant la place de Dieu. Les épreuves ont l’avantage de nous humilier et de nous placer devant un mur qui nous rend disposé au message de Dieu. Je dis bien l’épreuve subie et non pas l’épreuve recherchée.

L’épreuve est comme les bactéries lactiques que le fromager ajoute pour favoriser la fermentation du lait. Ces bactéries ont pour rôle d’anéantir le sucre présent dans le lait. Ce sucre ne pourrait-il pas être l’image de ce qui paraît bon en nous ?

C’est dans ce rôle si mystérieux que la Croix participe à nous disposer à accepter notre métamorphose, à ouvrir les yeux sur nos limites, à nous humilier, à nous repentir, à avancer, à nous affermir dans la communion avec Yessouah al Massih. Une communion en sa mort et en sa résurrection.

Job lui-même a expérimenté le rôle sanctificateur de l’épreuve, même si cette épreuve a été incomprise par ses compagnons(3). Au bout de l’épreuve et à travers une véritable délivrance, Job a dit à propos de Dieu (Job 42 :5) :

« Mon oreille avait entendu parler de toi, maintenant mon œil t’a vu »

A travers les épreuves, je suis amené à m’arrêter et à réaliser non seulement les limites de ma nature humaine mais surtout que je suis à coté de la volonté de Dieu et donc, je suis dans le mal. Je ne peux alors que me repentir sincèrement en demandant l’intervention de Dieu pour me libérer des mensonges de l’arbre de la Connaissance du bien et du mal. Le Seigneur alors me tendra la main en me disant, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, je t’ouvre la porte de la libération car je t’ai précédé. Entre et soupe avec moi car tout est prêt et accompli.

Et c’est ici que le message du sermon sur la montagne trouve son sens :

« Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux! »
Le Seigneur sur la Croix n’a pas porté nos souffrances quoiqu’il nous fasse grâce dans son amour de pas mal de miracles dans la vie. Le Seigneur a porté en lui l’origine et la cause de nos souffrances, il a porté en lui toute notre nature avec ses défauts et ses qualités. Il a porté en lui notre logique aliénée. Il suffit de lire l’Ecclésiaste pour se rendre compte de l’obscurité de la nature humaine. Il a pris notre nature non pas pour nous détruire mais pour un démantèlement pour un véritable réassemblage. Et là nous n’avons plus besoin de nous efforcer comme avant, nous n’avons pas besoin de cure d’âme car nous intégrons progressivement la nouvelle nature « Yessouah al Massih» et nous cheminerons vers la perfection en Yessouah al Massih qui débouchera sur une Union totale avec Dieu en son Fils Yessouah al Massih.

Mais le plus dur est la rébellion de notre nature qui déguise le refus de brisement par le compromis c'est-à-dire qu’elle garde les fruits de l’arbre de la Connaissance du bien et du mal tout en essayant de goûter à l’arbre de Vie et cela le Seigneur n’en veut pas car je crains qu’un jour il nous dise:

« Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité» Matthieu 7:23

Je crois que c’est le sens même des passages de 1 corinthien 2 : 1 à 16 :

« Pour moi, frères, lorsque je suis allé chez vous, ce n'est pas avec une supériorité de langage ou de sagesse que je suis allé vous annoncer le témoignage de Dieu.Car je n'ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié.Moi-même j'étais auprès de vous dans un état de faiblesse, de crainte, et de grand tremblement ;et ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d'Esprit et de puissance,afin que votre foi fût fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu.Cependant, c'est une sagesse que nous prêchons parmi les parfaits, sagesse qui n'est pas de ce siècle, ni des chefs de ce siècle, qui vont être anéantis ;nous prêchons la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée, que Dieu, avant les siècles, avait destinée pour notre gloire,sagesse qu'aucun des chefs de ce siècle n'a connue, car, s'ils l'eussent connue, ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de gloire.Mais, comme il est écrit, ce sont des choses que l'œil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues, et qui ne sont point montées au cœur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment.Dieu nous les a révélées par l'Esprit. Car l'Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu.Lequel des hommes, en effet, connaît les choses de l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme qui est en lui ? De même, personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n'est l'Esprit de Dieu.Or nous, nous n'avons pas reçu l'esprit du monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses que Dieu nous a données par sa grâce.Et nous en parlons, non avec des discours qu'enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu'enseigne l'Esprit, employant un langage spirituel pour les choses spirituelles.Mais l'homme animal ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c'est spirituellement qu'on en juge.L'homme spirituel, au contraire, juge de tout, et il n'est lui-même jugé par personne.Car Qui a connu la pensée du Seigneur, Pour l'instruire ? Or nous, nous avons la pensée de Christ. » 1 corinthiens 2 : 1 à 16

L'auteur, Abdelhak Benadam

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(1) Les traducteurs n’osent pas utiliser le mot "MAL" qui ne correspond pas à leur définition du mal, alors ils traduisent par adversité ou malheur.

(2) Chaque lettre de l’alphabet hébraïque correspond à un chiffre dans l’ordre croissant, l’aleph correspond au chiffre 1, le « beth » correspond au chiffre 2 etc. Le chiffre 1 correspond à Dieu l’unique incréé et le chiffre 2 correspond à une dualité inhérente à la création dont l’Homme.

(3) Les compagnons considéraient l’épreuve comme une sanction qui exige une repentance. Ce qui n’est pas le cas et Dieu les a repris en leur disant en Job 42 :7 « Après que l'Eternel eut adressé ces paroles à Job, il dit à Eliphaz de Théman: Ma colère est enflammée contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n'avez pas parlé de moi avec droiture comme l'a fait mon serviteur Job »

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