Au-delà des mots *** وراء الكلمات



18 mai 2010

Savoir et Connaissance


Extrait du livre « La Vie, le Mouvement et l'Etre »
(à paraitre fin mai 2010) :

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L’Homme confond « Savoir » et « Connaissance ».

Le savoir concerne les capacités intellectuelles qui, utilisant mes sensations, interprètent les choses. Cette interprétation peut être nommée science, philosophie, littérature, théologie et même religion. Un savoir n’est rien d’autre qu’une interprétation des choses accessibles à mes moyens humains. Le savoir est une projection de soi-même.

Le savoir est un don humain mais qui ne fait pas accéder à ce qui dépasse les capacités humaines. Je peux décrire la lumière, je peux décrire la vie, je peux décrire l’âme, je peux même décrire Dieu sans les connaitre.

Le savoir est une instruction adaptée à notre façon de raisonner. L’erreur consiste à faire du savoir une réalité ultime bien que ce ne soit qu’une description projetant des images sensorielles.

Le savoir devenant réalité ultime s’érige en un dieu. Le savoir devient dieu. Et par le même cheminement, l’homme devient un dieu. L’Homme pense se suffire à lui-même et il n’a pas besoin de son véritable créateur.

L’Homme essaye de tout expliquer, tout résoudre. Il devient comme Dieu, il croit connaître le bien et le mal, pense pouvoir décider de son bonheur et croit éviter son malheur.

Il ne faut pas s’étonner si le Dieu véritable passe au second degré ou fait l’objet de moquerie. La science a perdu sa conscience en oubliant qu’elle est un don humain qui ne peut qu’expliquer et répondre aux besoins accessibles à l’humain. L’Homme, par sa projection à travers son savoir, ne peut qu’interpréter et par conséquent, ne peut donner que des images. C’est le début de l’idolâtrie même.

Dans cet état du Savoir, l’Homme ne peut vivre qu’une relation. Une séparation avec le décrit, l’expliqué. Même si cette relation se nomme religion.

Tant qu’il y a relation, il ne peut y avoir que l’ombre de la vérité. La vérité ultime nous est inaccessible.

Le mot “religion” vient du verbe latin “ religare” qui signifie relier, mettre en relation. Il s’agit de la relation - alliance des humains avec Dieu, et des humains entre eux au Nom de Dieu.

Par une relation (religion) je ne peux accéder qu’à une image de la vérité. Par la relation je suis toujours en quête de la vérité ultime.

La relation (religion) est un cheminement qui doit déboucher sur une remise en question : la loi est bonne mais ma nature est incapable de lui obéir. Ce cheminement ouvre la porte à un début de communion. Cette remise en question est salutaire car elle est indispensable pour se rendre apte et disposé à intégrer une réelle liberté basée sur un processus de communion.

La communion ne peut se vivre qu’à travers cette remise en question qui anime en l’Homme la notion de repentance. Ainsi, nous pouvons débuter et grandir dans la connaissance.

La connaissance (co-naissance, naître avec) est une union avec la chose connue. Si l’Homme est uni à Dieu par l’Esprit, il peut s’aventurer à dire qu’il connaît Dieu. Mais expliquer l’existence de Dieu c’est croire connaître Dieu alors que l’Homme naturel ne peut pas s’unir à son Créateur. C’est un énorme mensonge que même les croyants rencontrent.

L’Homme connaît ce que la Bible appelle l’arbre de la Connaissance du bien et du mal (du bonheur et du malheur dans certaines traductions) qu’il ne faut surtout pas confondre avec l’arbre de Vie. Le premier arbre représente la logique même de l’Homme et le deuxième représente la pensée divine.

Le drame de l’humanité c’est qu’elle a fait de l’arbre de la Connaissance du bien et du mal une logique incontournable pour vivre individuellement et collectivement. La société entière est basée sur l’arbre de la Connaissance du bien et du mal.

L’arbre de la Connaissance du bien et du mal est une réponse au penchant de l’homme vers ses désirs, ses sensations, ses besoins naturels. Cet arbre est une réponse naturelle à un besoin humain naturel, ce que la Bible appelle l’Homme charnel ou l’âme vivante.

La communion entre l’arbre de la Connaissance du bien et du mal et l’Homme est devenue une logique régissant la conduite de l’Homme, en définissant les règles qui vont diriger sa vie individuelle et collective.

Dans la recherche de sa véritable identité et devant les difficultés de la vie, l’Homme met en avant son dieu, c'est-à-dire sa logique issue de sa communion avec l’arbre de la Connaissance du bien et du mal. Il suffit de consulter notre histoire pour découvrir les conséquences catastrophiques de cette nature humaine.

Le plus paradoxal, c’est que l’Homme utilise cette nature même dans sa quête de spiritualité pour créer une religion qui n’est que le reflet de sa logique humaine basée sur ce même arbre.
L’Homme a besoin d’une véritable libération de son emprisonnement dans l’arbre de la Connaissance du bien et du mal. L’Homme est appelé à atteindre le meilleur de lui-même en se greffant à l’arbre de Vie.

C’est à travers cet arbre de Vie que nous pouvons accéder à notre réalité invisible cachée en celui qui nous a créé, c'est-à-dire Dieu.

Cette libération exige tout de même un sacrifice qui consiste à se débarrasser du premier arbre, l’arbre de la Connaissance du bien et du mal. Se débarrasser du premier arbre veut dire qu’il faut atteindre les limites de sa nature et reconnaitre que sa logique ne mène pas à la réalité ultime.

L’Homme doit dévoiler le mensonge qui est déguisé en vérité et qui le garde loin de sa position en Dieu.
Le mal ne se limite pas à ce que ma logique définie comme mal en le séparant de ce que la logique humaine appelle bien. Le mal est la racine même de l’égarement de l’Homme, c’est l’arbre de la Connaissance du bien et du mal. C’est la nature humaine avec sa logique y compris le meilleur de ses attributs.

« Tous sont égarés, tous sont pervertis; Il n'en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul» Psaumes 14:3

Pour avoir accès à l’arbre de Vie, il faut que l’arbre de la Connaissance du bien et du mal meure.
Car en maintenant ce dernier arbre tout en aspirant à l’arbre de Vie, c’est accepter le compromis qui, tôt ou tard, n’engendre que désolation et une aliénation individuelle qui aliénera la société où nous vivons.

Le mensonge qui aveugle le monde nous fait croire qu’avec l’arbre de la Connaissance du bien et du mal nous pouvons connaître l’arbre de Vie.

Au meilleur des cas, ce compromis fait naître des religions et au pire des cas, ce compromis engendre le rejet de l’autre (secte, terrorisme..) voir le rejet de soi et de la société.

Ainsi, ma connaissance dépend de ma communion. Je ne peux connaitre sans faire un avec le sujet à connaitre. Si je suis uni à l’arbre de la Connaissance du bien et du mal je ne connaitrai que cet arbre avec les conséquences que nous connaissons. Si je suis uni à l’arbre de Vie c’est que je me suis détaché de la racine du premier arbre pour connaitre l’arbre d’où sort la véritable Vie c'est-à-dire Yessouah al Massih.

L'auteur, Abdelhak BENADAM

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